Inscrit sur la course des Templiers depuis quelques mois, je me suis posé la question de basculer sur l'Edurance Trail au vu du parcours proposé. Un parcours que je connais pour 75% et qui est de toute beauté, surtout la partie dans les gorges du Tarn et les corniches du Méjean.
Benj (LSN) semblait motivé pour un nouveau défi. Et voilà qu'après quelques concertations, nous nous embarquions sur notre 1er Ultra. Mayeulle (MUC'O) elle aussi devait prendre le départ avec nous, mais une entorse viendra gâchée sa motivation.
On se retrouve donc le jeudi 22 au soir avec Benj, chez les parents de Lulu, prépa des sacs, des ravitos, des fringues pour nos assistants de choc (gérard et sancho). Après un repas bien riche en féculents, on se couche et on refait le monde (blabla, blabla).
Réveil 2h45, c'est déjà dur...petit dèj et hop direction le départ où presque 700 lampions sont déjà dans les starting-block.
5,4,3,2,1 top, "régalez vous", AMENO plein les tympans et c'est parti pour 111kms et 4600D+. On part plutôt tranquille, ça court bien. Le serpent de lumière s'étire dans la nuit. A Carbassas, on croise nos assistants, on s'enquille une belle bosse qu'on avale à un bon rythme, puis le causse noir et le Sonnac, ça sent bon le champignon, la pleine lune brille, les près sont blancs de givre.
On bascule dans le ravin de Peyreleau direction le 1er ravito au Rozier (24ème km). On est plutôt bien. Un bref ravito et on repart. On attaque le sentier d'Eglasines et de Saint Marcellin, on marche à bon ryhtme, Benj donne le tempo, il passe quelques gars, je sens que je coince un brin je reste derrière pour manger mais je recrache aussi tôt...aïe, ça passe pas !Le jour commence à se lever...c'est tout simplement splendide, la rougeur du petit matin colore le causse Mejean et ses falaises. J'ai mal au ventre, ça tourbillonne là-dedans...Je m'arrête 2-3 min, un gars me dit de me couvrir, que c'est surement un coup de froid. Je renfile mon coupe vent, les gants et le buff et je serre les dents jusqu'à St Rome de Dolan (37,5 km 2ème ravito). Benj est bien, il est 15-20min devant. Pour moi c'est direction les chiottes... Toujours rien qui passe côté solide, côté liquide ce sera coca coca et recoca...J'attaque tant bien que mal la descente jusqu'aux Vignes, dans ma tête l'idée d'abandon commence à émerger car je ne m'imagine pas tenir comme ça jusqu'au bout. La remontée jusqu'à la Bourgarie me remet un coup derrière les oreilles, je m'assoie au bord du chemin quelques minutes avant de repartir (je repense à Mayeulle qui me disait que des coups de mou seraient au rdv mais que ça passerait et que ça irait mieux ensuite). Je croise Gérard qui me dit que Benj n'est pas trop bien, je bois un coca.
A la Bourgarie (50kms) je vais mieux, le coca est passé direct dans le sang et ma glycémie a du se refaire la cerise, du coup je peux courir. J'attaque les somptueuses corniches du Mejean, "le spot de la course selon moi", je rattrape des gars, je fais un bout de chemin avec un autre en discutant, puis je le lâche, je jubile, j'ai les jambes, la banane, j'admire ce que la nature peut nous offrir de plus beau, les couleurs automnales se mêlent au vert des sapins et aux rochers érodés par le temps.
J'arrive au point d'eau de la Viale (62kms) j'ai repris du poil de la bête. Aux tripiers, l'assistance me dit que Benj est au plus mal, juste 6-7min devant. A ce moment de la course, je suis sûr de le rejoindre et d'aller au bout...avec Benj ! Après la descente des Douzes, je recolle le Patron dans la montée sur Veyreau...aïe aïe, il est pas bien, plutôt pâle, lui aussi ne parvient pas à manger, je lui dis que j'ai connu un gros coup de mou aussi et que c'est bien revenu. Je lui dit de serrer les dents jusqu'au ravito à Veyreau (69ème kms), qu'on fera un bonne pause et qu'on terminera ensemble !Veyreau, au ravito Benj est dans le vague. On prend le temps de manger, ça passe enfin pour lui !
Je sais qu'on terminera, je le lui répète, on va au bout ensemble.
Après 30min de pause, onrepart tous les deux, je mène le train, il lâche un peu et me dit de partir seul de faire ma course.
La Roque, ravito 4, 80kms, plus que 31... le plus dur reste à venir. Pause 5-10min et puis ça repart au train pour remonter sur les bords du Causse noir, en passant sous Montpellier-le -vieux. Une belle portion bien physique et technique où se succèdent montées raides et descentes sèches. On enchaîne bien. On remonte par le Caoussou, un site ruiniforme superbe avant de croiser ma Lulu au détour d'une piste, ça fait du bien. On arrive à Longuiers, Benj est bien, c'est lui à présent qui mène la danse, moi j'ai des douleurs à la hanche, je serre les dents, rien ne peut nous arrêter !
La ferme du Cade, dernier ravito, 95kms, c'est l'arrêt pour le fun...une soupe et 3 morceaux de cantal, je renfile le coupe vent et direction la pouncho d'agast avec vue sur Millau et le viaduc de nuit, superbe.
Plus que 4 kms, on attaque la descente du Hibou et sa fameuse grotte, annoncée comme "engagée". Ah oui en effet, j'ai les quadri en feu et la hanche qui siffle, Benj est devant "aller mon jéjé, c'est fini " me dit-il.Ouais, c'est bien fini cette fois, on l'a fait, on déboule sur le pont de cureplat, on longe le tarn, un gars est derrière, on se permet même un léger sprint à 12 à l'heure, Steph et Lulu sont venus à notre rencontre, c'est trop bon de les voir là. Encore 200m, c'est la ligne d'arrivée ensemble main dans la main.
Quel moment ! C'est génial de se dire qu'on est arrivé au bout.
111kms, 4600m D+, 16h53, 66ème et 67ème sur 600 partants (200 anbandons)
Merci mon Benj d'avoir rien lâché jusqu'au bout, arrivé tout seul n'aurait pas eu la même saveur surtout si tu avais abandonné. On se refait un truc de ouf quand tu veux, avec grand plaisir même !
Merci à Gérard, Sancho et Nadine de nous avoir suivi et encouragé toute la journée.
Merci à Lulu et Steph d'avoir été à l'arrivée, ça fait chaud au coeur !
Merci à tous les copains pour leur texto d'avant course, j'ai bien pensé à vous quand j'étais dans le dur.
à l'année prochaine...?
Jéjé
